Ford à Poissy

Ford, s’intéresse à l’Europe dès la première décennie du 20ème siècle.

En 1907, il s’assure les services d’un importateur Henri Depasse, garagiste à Paris.

En 1909
H. Depasse, installe à Bordeaux, un premier atelier de montage, rue Fondaudège, et profite des avantages du port de commerce, s’ouvrant directement sur l’atlantique pour le trafic maritime en provenance d’Amérique.

En 1916
Ford rachète à H. Depasse ses installations de Bordeaux et fonde, à Paris, la société française des automobiles Ford.

En 1919
Ford s’installe entièrement à Bordeaux, dans une nouvelle usine, située boulevard Albert 1er. La déficience des liaisons maritimes perturbe le fonctionnement de l’usine. Le montage d’éléments importés ne correspond pas à l’objectif de défense de l’industrie nationale française. Il faut passer à la création d’une usine sur le territoire français.

En 1925
Ford achète à Asnières une usine de 18 000 m² et installe deux chaînes parallèles :
– une pour le modèle T
– une pour les camions légers

Le 11 avril 1929
Une nouvelle organisation de l’entreprise donne naissance à la Ford Société Anonyme Française (Ford-SAF). Il s’agit de la fusion de la Société des Automobiles Ford et de la Société Crédit Ford. Le petit véhicule Ford Y de 5cv monté à Asnières est un retentissant échec commercial. La nécessité d’un partenariat apparaît.

Le 8 octobre 1934
Au cours du 28éme salon de l’automobile Emile Mathis et Maurice Dollfus annoncent l’union de Mathis et Ford SAF pour cinq ans, par la création d’une société commune Matford SA. Cet accord, dans lequel, Mathis détient 48% des parts et Ford SAF 52%, a été signé le 27 septembre 1934.

  • Strasbourg se spécialise dans l’usinage du moteur V8,
  • Asnières dans le montage des véhicules.

Les véhicules assemblés portent la marque « Matford » et dans les meilleures périodes, la production avoisine les 70 véhicules par jour. Ford prend l’ascendant sur Mathis, qui se plaint des difficultés d’entente avec son partenaire. Un long conflit s’engage, la société Matford sera dissoute en 1941.
Le fonctionnement entre Asnières et Strasbourg n’est pas facile. La distance importante entre les deux régions ne facilite pas les échanges. Le conseil d’administration de Ford SAF décide donc en 1937 de construire une nouvelle usine pour ses propres besoins. Après de longues négociations avec les Pouvoirs Publics, Poissy est retenu. La capacité prévue pour cette nouvelle usine est très importante pour l’époque. Il s’agit, de produire 150 véhicules par journée de 8 heures.
Les travaux commencent en 1938, avec pour objectif de produire avant le 1er mai 1940.

A la déclaration de guerre le 2 septembre 1939, les travaux de terrassement étaient pratiquement terminés et les diverses commandes nécessaires à l’édification et à l’installation de l’usine lancées. Les travaux de construction durent naturellement être arrêtés. L’ordre de repli est donné le 10 juin 1940, c’est ainsi que Matford quitte Asnières pour Bordeaux. Le 25 juin 1940 l’armistice entre en vigueur. Conformément aux décisions gouvernementales, les fabrications sont arrêtées et une grande partie du personnel licencié.

FORDAIR
Dès le début de 1939, le Ministère Français de l’Air demande à Ford S.A.F. de mettre à la disposition de la Défense Nationale, l’ensemble industriel en voie de réalisation, et une première commande de 540 millions de francs, sur un total qui devait atteindre 1 milliard, est acceptée. Pour l’exécution de ce contrat, Ford S.A.F. constitue le 23 juin 1939 une filiale : la société Fordair, au capital de 20 millions de francs, dont 1/4 versés, ayant pour objet immédiat la fabrication de pièces nécessaires au montage des moteurs d’avion. Fordair occupe jusqu’à l’évacuation sur Bordeaux, la quasi totalité des locaux destinés à Matford. Dès août 1939, en raison des travaux, une usine avait été louée, rue Robespierre, pour permettre la réception et la mise en route de l’outillage Fordair. Au fur et à mesure de l’avancement des travaux de construction, les machines Fordair sont installées dans la grande usine dite « d’Achères » et la mise en place se poursuit jusqu’à fin avril 1940, date à laquelle sur instructions gouvernementales impératives, le transfert de la production Fordair à Bordeaux commence. Il se poursuit et accélère le 8 juin 1940 en raison de l’ordre reçu par les usines d’aviation d’avoir à évacuer la région parisienne.
Le 14 juin, l’armée allemande rentre dans Paris et Poissy est occupé.

Poissy pendant le conflit
L’usine est sous l’autorité d’un administrateur allemand, en provenance de Ford Cologne. La Ford Motor Company occupe une place particulière : elle est engagée des deux côtés du conflit avec une usine à Cologne et une usine à Poissy. En 1943, Poissy cesse la fabrication du camion français et se voit obliger de monter le modèle allemand pour Ford Cologne.
Peu atteints en 1940, les ateliers seront durement touchés par les bombardements du 8 mars 1942. Les dégâts sont importants, la production est arrêtée pour quelques semaines. Elle allait reprendre, lorsque 2 bombardements importants, aux premières heures du 2 avril arrêtent définitivement la production. Pour éviter la main mise de l’occupant sur le matériel et la réquisition du personnel, le transfert des moyens de fabrication est accepté par le Ministère de la Production Industrielle et les Autorités allemandes. Les moyens sont éclatés à La Courneuve, L’Ile St Denis, Ivry, Neuilly, Poissy-Robespierre et Bourges.
Dès le 9 mars 1942, les travaux de déblaiement et de démolition se poursuivent à Poissy, de telle sorte, que dès le 2 juillet les services administratifs peuvent être regroupés tant bien que mal et dans des conditions matérielles effrayantes. Dans les usines décentralisées la production redevient à peu près normale au mois d’octobre.
Un nouveau bombardement touche l’usine en mars 1944. Poissy est libéré du 26 au 28 août 1944. L’usine se met aussitôt au service de la France libre et de ses alliés. On rapatrie les machines-outils, on répare l’usine pour pouvoir redémarrer une production. En attendant, Poissy reconstruit des moteurs de chars pour l’US Army et pour les jeeps.

En 1945
Les pouvoirs publics français annoncent, un plan quinquennal, appelé « Plan Pons », qui répartit les fabrications et les matières premières entre les marques automobiles. La fabrication de camions est attribuée à Ford SAF.

En 1946
Après réembauche du personnel, l’usine reprend le montage des camions F698W de 5 tonnes à cabine avancée et du F 197T de 3,5 tonnes dit Poissy d’avant-guerre. A la fin de l’année s’engage la fabrication des Ford F472 une version modifiée de la Matford 13 cv de 1939 à moteur V8 (c’est le premier véhicule particulier fabriqué à Poissy). A partir du 300ème exemplaire elles deviennent 472A avec le levier de vitesses placé sous le volant.

En 1947
Maurice Dolfuss, ramène des Etats-Unis deux projets :
– un projet véhicule dessiné en 1941, par le style de Ford Dearborn pour la marque Mercury, abandonné car jugé trop petit pour le marché américain (4,5m tout de même). L’étude terminée par le bureau d’études de Poissy donnera naissance à la Vedette présentée au salon de Paris 1947,
– un moteur à huile lourde à 6 cylindres, appelé « Herculès » qui équipera plus tard (1951) les camions Ford Cargo.

En 1948
Fabrication de la Vedette. Poissy possède un montage final et exécute entièrement l’usinage des moteurs, boîtes et ponts tout le reste est acheté. Les caisses de Vedette proviennent de l’usine Chausson d’Asnières. Le début des années 1950 est difficile sur le plan économique. Les ventes de la Vedette ne décollent pas car son prix de revient est trop élevé. La Ford Motor Company repositionne ses intérêts européens, en Allemagne et en Grande-Bretagne, et cherche un repreneur.

En 1951
Lancement du coupé Comète sur base Vedette. La carrosserie est réalisée par la société Facel-Metallon.

En 1954
Début 1954, apparait la Comète Monte-Carlo équipée du moteur V8 de 3,9 l qui équipe la Vendôme.

La cession de l’usine de Poissy est annoncée le 4 juillet 1954. Ford conserve 15% du nouveau capital. Simca poursuivra la fabrication des produits Ford aussi bien en voitures particulières qu’en camions. Simca, 4ème constructeur français, en devient propriétaire le 1er décembre de la même année.
La nouvelle gamme Vedette présentée au salon de Paris 1954 sur le stand Ford devient la gamme Simca Vedette Trianon, Versailles, Régence et plus tard le break Marly.